Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Attentat à Moscou : les opposants en exil dénoncent un État policier "impuissant" face à la menace terroriste
information fournie par Boursorama avec Media Services 25/03/2024 à 14:38

Le FSB "aime inventer des terroristes inexistants (...) donc il n'y a pas assez de temps pour les vrais", a dénoncé Léonid Volkov, ancien compagnon de route d'Alexeï Navalny.

Vladimir Poutine à Moscou, en Russie, le 23 mars 2024. ( POOL / PAVEL BYRKIN )

Vladimir Poutine à Moscou, en Russie, le 23 mars 2024. ( POOL / PAVEL BYRKIN )

Un régime autoritaire plus occupé à "tuer les opposants" qu'à protéger la population contre la menace terroriste ? Les opposants russes en exil ont fustigé lundi 25 mars les services de sécurité russes après l'attaque sanglante à Moscou.

La Russie, souvent qualifiée d'État policier, où les "structures de force" telles que la police, les services secrets et l'armée sont tout puissants, a échoué à déjouer le pire attentat que le pays a connu ces 20 dernières années et qui a fait plus de 130 morts. Pire, Moscou aurait été averti de la menace par les Occidentaux.

De quoi interroger quand on sait l'application des autorités à éliminer méthodiquement à coup d'arrestations toute contestation, aussi insignifiante soit-elle. "Ce qui est frappant, c'est l'incompétence catastrophique de nos services de sécurité ", souligne Ivan Jdanov, l'ancien bras droit du principal opposant au Kremlin Alexeï Navalny, mort en février dans une prison de l'Arctique.

Vladimir Poutine, ancien officier du KGB soviétique qui a aussi dirigé son successeur russe, le FSB, a construit sa popularité sur le retour de l'ordre et de la stabilité dans le pays après les tumultueuses années 1990, mettant notamment au pas la Tchétchénie, en proie à des velléités indépendantistes et islamistes.

Les libertés fondamentales rognées

Promettant aux Russes la sécurité après une série d'attaques terroristes imputées aux rebelles tchétchènes en 1999, Vladimir Poutine a progressivement rogné toutes les libertés fondamentales dans le pays. La quasi-totalité de ses opposants ont été emprisonnés, comme Alexeï Navalny ou l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, assassinés comme Boris Nemtsov, ou poussés à l'exil.

La reprise en main musclée du pays n'a pas empêché de terribles attaques terroristes: la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka en 2002 et de l'école de Beslan en 2004 par des rebelles tchétchènes en sont deux exemples tragiques.

"Pendant des décennies, on nous a dit que la réduction de nos droits était nécessaire à la sécurité", a dénoncé dans un message sur Telegram ce week-end Ivan Jdanov. "Mais les attaques terroristes ne s'arrêtent pas et le FSB s'occupe de tout sauf de ses responsabilités directes : tuer les opposants politiques, espionner les citoyens et poursuivre les personnes qui s'opposent à la guerre", a fustigé l'opposant.

Les autorités russes n'ont pas encore commenté la revendication par l'organisation jihadiste Etat islamique de l'attaque du Crocus City Hall, préférant évoquer une piste ukrainienne que Kiev dément vigoureusement.

Dans la foulée, des critiques ont émergé envers les services de sécurité russes, accusés d'être devenus une simple machine à espionner et à harceler les citoyens, laissant le pays perméable aux vraies menaces. "Ils sont incapables de faire quoi que ce soit d'utile -ils ne font que protéger le régime criminel de ses citoyens, et non les citoyens des criminels ", a fustigé Dmitri Goudkov, ancien législateur devenu opposant vocal à Vladimir Poutine.

"Impuissance"

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, l'ancien magnat du pétrole en exil Mikhaïl Khodorkovski, qui a passé dix ans dans une prison russe avant d'être gracié en 2013, a déclaré que l'attaque montrait "l'impuissance" de l'appareil de sécurité du Kremlin.

D'autant que les affaires pour "extrémisme" et "terrorisme" impliquant l'opposition politique se sont multipliées , brouillant encore la frontière entre les différents ennemis de l'État. Le mouvement d'Alexeï Navalny a ainsi été déclaré "extrémiste" par la justice, tout comme le "mouvement international LGBT", tandis que l'opposant Gary Kasparov ou encore l'écrivain à succès Boris Akounine ont été placés sur la liste officielle des "terroristes".

Les services de sécurité sont aussi accusés d'être à l'origine d'une série d'empoisonnements de détracteurs du Kremlin, comme ceux des opposants Alexeï Navalny et Vladimir Kara-Murza en Russie, ou d'anciens espions comme Sergueï Skripal et Alexandre Litvinenko à l'étranger.

Selon le site d'information indépendant Mediazona , 143 affaires pénales liées au terrorisme ont été ouvertes l'année dernière, un record. Entre 2012 et 2017, il y en avait moins de vingt par an. Les autorités ont ouvert 141 affaires criminelles contre les associés de Alexeï Navalny au cours des cinq dernières années, a par exemple rapporté Léonid Volkov.

Le FSB "aime inventer des terroristes inexistants (...) donc il n'y a pas assez de temps pour les vrais", a ironisé l'ancien compagnon de route d'Alexeï Navalny, récemment victime d'une agression en Lituanie qu'il impute à des hommes de main de Vladimir Poutine. "Il n'est donc pas surprenant que le FSB ne soit pas en mesure d'accomplir la seule tâche qui lui incombe : empêcher une attaque terroriste réelle et cauchemardesque."

15 commentaires

  • 25 mars 17:20

    le jour ou l on retablira l egalité en France que les petites et moyennes entreprises pourront avoir une imposition au meme niveau que les multinationales francaises et etrangeres en France on aura des queues de cerise pour financer le budget de la defense et de la justice ... ca fera plus de 50 milliards de moins .


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des manifestants réunis à New York pour demander la libération de Mahmoud Khalil, le 12 avril 2025  ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / David Dee Delgado )
    information fournie par AFP 21.06.2025 00:21 

    Un juge américain a ordonné dès vendredi la libération sous certaines conditions de Mahmoud Khalil, figure des manifestations propalestiniennes sur le campus de l'université Columbia, écroué depuis plus de trois mois dans un centre de détention pour immigrants. ... Lire la suite

  • Israël-Iran : une aubaine pour la Russie ?
    information fournie par France 24 21.06.2025 00:00 

    En ce moment le monde a les yeux rivés sur ce qui se passe au Moyen Orient entre Israël et l’Iran. Mais d’autres guerres sont également toujours en cours dont en Ukraine. Vladimir Poutine y poursuit son offensive, tout en proposant de jouer les médiateurs entre ... Lire la suite

  • Un homme prend des photos des dégâts dans un magasin après des pillages et de violentes manifestations à Changuinola, au Panama, le 20 juin 2025 ( AFP / DANIEL SANTOS )
    information fournie par AFP 20.06.2025 22:56 

    Le gouvernement du Panama a décrété vendredi l'état d'urgence dans une province touchée par des violences et pillages, suspendant notamment les libertés de réunion et de circulation, sur fond de contestation sociale dans le pays depuis plusieurs semaines. La mesure ... Lire la suite

  • Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, quitte l'hôtel Intercontinental de Genève, le 20 juin 2025, après une réunion avec des ministres européens ( AFP / Fabrice COFFRINI )
    information fournie par AFP 20.06.2025 22:50 

    L'Iran a écarté vendredi une reprise des négociations nucléaires avec les Etats-Unis avant l'arrêt des attaques israéliennes contre son territoire, à l'heure où le chef d'état-major israélien a affirmé s'attendre à une guerre "prolongée". En soirée, plusieurs explosions ... Lire la suite